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épatante, la galerie !
Geneviève Charras, Turbulences vidéo, Février
2006
LES TABLEAUX de Nicolas Clauss, peintre numérique.
La déambulation dans un musée imaginaire où les toiles
seraient "sur la toile", visible à toute heure, sans
gardiennage, ni billetterie, est désormais possible
Passer
de l'autre côté du miroir et admirer en s'en emparant, les
"tableaux" interactifs de Nicolas Clauss
Non, vous n'êtes
pas dans un rêve, mais dans un univers ouvert, permissif où
vous pouvez à loisir jouir de toutes les facéties d'un artiste
inclassable. De son uvre antérieure, on retenait "Les
Marcheurs", une ode à l'espace, au déplacement de marcheurs
suggérant la montée et descente de marches, de façon
souple et quasi chorégraphique
. S'immerger dans la matière
de ses images, se laisser guider par l'attraction physique et émouvante
de l'apesanteur des corps, des sols et sables mouvants qui se dissolvent
sous les pas: voici les clefs pour pénétrer sur la planète
Clauss. Virtuose des arts numériques sans pour autant abuser des
technologies, Nicolas Clauss opère des rencontres entre l'onirique,
le possible et le poétique. "Mon travail ne se réduit
pas à l'interactivité; on regarde, on manipule, on s'empare
de mes images et on se les approprie mais je cherche avant tout la dimension
plastique, et je raconte ainsi comme dans une peinture, des histoires
.J'étais
peintre avant de m'aventurer sur la palette graphique; mon pinceau a changé,
mais pas ma façon d'envisager un format, un espace limité,
comme un écran par exemple. "Sans flagornerie, ni tape à
l'il, ses tableaux sont les reflets des paysages insolites qui peuplent
son monde intérieur, reflété par l'artifice du numérique.
Couleurs fondues comme des aquarelles ou des pastels gras, déliés
de graphisme comme des calligraphies évaporées, évanescentes,
ses signes aqueux sont autant de traces fugaces, volatiles que l'on peut
effacer ou faire évoluer sur la toile avec délectation dans
une "interactivité" fébrile. Le spectateur se
fait son cinéma, se "paye sa toile" et le chassé-croisé
des images commence comme une visite guidée par le flair ou l'envie
de celui qui promène son désir comme un pinceau le ferait
sur une surface fluidifiée. Nicolas Clauss et Jean-Jacques Birge
avec "Somnambules" créent un spectacle chorégraphique
en douze tableaux et leurs préludes, pour l'internet. Il parvient
à unir la danse contact, la peinture, la vidéo et la musique:
cette uvre a puisé sa source dans les courts travaux interactifs
réalisés par les deux compères et mis en ligne sur
le site flyingpuppet! "C'est par la lumière et la scénographie,
que j'ai côtoyé la danse. La répétition des
mouvements est mon encrage dans la connivence avec cet art singulier.
Dire, au delà des mots, comme dans la peinture
."
L'hybride, le polymorphe sont en jeu dans leur parcours et processus de
création et cette hydre à deux tête, ce couple bicéphale
de créateurs est fort singulier, chimérique comme Mélusine,
femme poisson, divine, diluvine
.
Monde futile, espace à définir selon "delartsijeveux",
un site créé pour faire apprécier l'art contemporain
aux jeunes spectateurs-acteurs, l'univers de notre peintre de la palette
numérique est riche d'une polychromie- polyphonie pour amateurs
d'art d'aujourd'hui.
Ne pas se figer devant une toile sur cimaise, mais surfer du regard et
de la souris, demeure une expérience unique et jubilatoire. Le
mental semble opérer sur la matière numérique et
pour mieux "épater la galerie", les tableaux s'animent
d'une vie intérieure digne d'un poète pétri d'une
certaine mélancolie. Baudelaire, sans doute s'y serait plu nonchalamment
en funambule, en somnambule incertain
Pour "Vidéoformes" le dispositif est une installation
d'écrans dans un espace isolé, où règne l'obscurité.
Une souris, comme sur le net, guidera le choix du spectateur: "ne
pas renier l'intimité liée à l'utilisation de ce
petit engin, où quelque chose se joue, de l'ordre du quotidien.
Il n'y a pas que les capteurs dans la vie !".
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