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Paris art - 11-01-2005

DE L'ART SI JE VEUX

Le site De l’art si je veux est le fruit d’une rencontre de plusieurs mois entre l’artiste multimédia Nicolas Clauss et un groupe d’adolescents du quartier des Sablons au Mans qui ont été sensibilisés aux œuvres et aux artistes majeurs de l’art moderne et contemporain.
Alors âgés de onze à seize ans, ces jeunes — Samia Ahbizat, Meïssa Belharat, Yannis Boukhalfa, Coralie Geslot, Amélie et Anthony Fisson, Jean-François Goyer, Houria Zenasni — traduisent dans le site leur expérience de découverte de l’art. Composé d’interviews et de créations d’images fixes et animées ainsi que d’une musique expérimentale lancinante, le site soulève la question pédagogique de la réception des arts plastiques par des adolescents de quartiers populaires, hors des itinéraires traditionnels (histoire de l’art, études d’Arts plastiques ou écoles des Beaux-Arts).

Ce décloisonnement de l’art offre à un public ordinairement « ignoré » l’opportunité d’exprimer en actes, au-delà des mots, leurs émotions à propos des œuvres. Les soi-disant difficulté d’accès et hermétisme de d’art contemporain volent ici en éclat.

Dans la page d’accueil, un carré divisé en neuf cases permet d’accéder à neuf saynètes dans lesquelles sont présentées les grandes figures de l’art du XXe siècle : Marcel Duchamp et le ready made, LHOOQ, Rrose Selavy ; Edward Munch avec Le Cri à propos duquel les jeunes ont interviewé le public de l’Espal.
Le thème de l’objet en art problématisé par Duchamp se retrouve dans le site avec les animateurs du Nouveau Réalisme : Arman qui détruit ou le brûle les objets, ou dans les « tableaux-pièges » de Daniel Spoerri.
Le thème de l’altérité est traité à la conjonction du monstrueux des frères Chapman, de l’effroi de Maurizio Cattelan, et des portraits de Francis Bacon.

Au-delà de l’approche des grands repères de l’art moderne et contemporain, le site est un lieu d’expression personnelle pour les adolescents qui s’exercent à l’écriture et à la réflexion sur l’art selon Ben ; ou qui s’essaient à la mise en scène et aux graffittis avec Jean-Michel Basquiat. Nous sommes explicitement dans une « simulation critique de la représentation ».
Enfin, la partie Memo qui se veut un mémorial numérique de l’Espal l’équipe (directeur, techniciens, régisseurs, administrateur, etc.) présente le site comme un objet chargé de mémoire intime, en référence à Christian Boltanski. En surimpression sur la page, des phrases retracent la biographie d’un personnage imaginaire : Boris Lanchitanski (anagramme de Christian Boltanski).

Les saynètes de De l’art si je veux ne sont pas hermétiques les unes aux autres. Elles tissent entre les artistes et les jeunes un réseau de questions à la fois naïves et fondamentales : Qu’est ce que l’art ? Que peut-il nous apporter ? Qu’est-ce que le goût ? Le beau ? Cela en mêlant différents types de narrations (interviews, musique, animation, séquences filmées, photomontages, dessins, textes).

Il s’agit ici du renouvellement d’une expérience déjà effectuée par Nicolas Clauss avec Cinq ailleurs (http://www.cinq-ailleurs.com/), où il retrace les " ailleurs " de cinq personnes de différentes nationalités habitant les Muraux.

Frédéric Lebas

 

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