|  
 Paris art - 26/05/2009
 Immatérielles (extrait)
 Par Evelyne Bennati ...Linstallation Or not toupie de lartiste Nicolas 
        Clauss est une rêverie triste sur lenfance. A partir de témoignages 
        dune centaine dadultes, le plasticien a constitué un 
        très riche matériau visuel et sonore, associant entretiens 
        enregistrés, dessins, photos, collages, objets hétéroclites.Ceux-ci, superposés, triturés, griffonnés défilent 
        sur des écrans comme autant de souvenirs épars, qui, aléatoires, 
        semblent surgir de nulle part, mais marquent par leur apparition récurrente.
 
 Le spectateur est placé au cur du dispositif : trois larges 
        écrans lentourent, ne lui laissant aucune échappatoire. 
        Un foisonnement dimages retravaillées, comme autant de bribes 
        de souvenirs, se succèdent en un kaléidoscope sans fin, 
        le spectateur créant son propre cheminement sélectif. Une 
        toupie qui tourne, des personnes portant des masques denfants et 
        de vieillards ou des enfants portant des masques denfants, enfants 
        au nez de clown, ours en peluche blancs, marqués dun énorme 
        ruban rouge comme sils portaient une croix, poupons pendus au cou 
        par une ficelle (un peu grosse!), poupées attachées en ribambelle 
        comme des marionnettes, morceaux de papier déchirés et éparpillés, 
        dessins denfants, mouettes stylisées
 
 Les fréquentes superpositions de textures et dimages et leur 
        apparition aléatoire évoquent lenchevêtrement 
        des souvenirs et leur réémergence accidentelle, en une unité 
        remarquable entre le propos et sa représentation. Mais les hachures 
        systématiques sur les photos, le passage récurrent dobjets 
         jouets, graffiti, bonhommes de papier
 - comme un leitmotiv 
        de chute, le fond décran foncé
 créent 
        un continuum, qui absorbe la diversité des matériaux. Les 
        témoignages, napparaissant que par bribes, perdent de leur 
        impact, voire de leur réalité, en écho aux images. 
        Le temps, cest bien connu, emporte tout sur son passage. Le défilement 
        dobjets fait référence au déroulement dune 
        partition dont on ne connaît que trop le point dorgue : en 
        arrière-plan, cest la mort qui se profile. Le titre de linstallation 
        dailleurs, sous couvert dhumour, est explicite. En excluant 
        le désir de ses représentations, linstallation atténue 
        considérablement la force et la fascination quelle pourrait 
        exercer.
 
 Parallèlement à ce dispositif, Nicolas Clauss a développé 
        une oeuvre en ligne, inspirée du même matériau, Or 
        not toupie suites, coproduction ARTE France. Le programme, toujours aléatoire, 
        réagit à lintervention du spectateur via la souris, 
        qui révèle, modifie ou fait disparaître images et 
        sons. Réduite aux dimensions dun écran dordinateur, 
        loeuvre substitue à sa capacité immersive et à 
        la perception de linexorabilité du temps, un rapport interactif 
        individuel plus ludique, linternaute y gardant la main...
 
 |