articles - biographie - actualité

 


Site de la "Fête de l'internet", 18 mars 2002


Peintre sur Toile.

Nicolas Clauss, 33 ans. Artiste multimédia en résidence à la Médiathèque des Mureaux, il a fait entrer le tableau dans le monde interactif.

« Je n’y connaissais rien il y a deux ou trois ans » avoue franchement Nicolas Clauss à propos du multimédia. A voir ses œuvres, on ne le dirait pas tant la maîtrise technique semble parfaite. La série de tableaux interactifs que l’on peut contempler sur son site allie la recherche picturale aux nouvelles technologies de l’image avec un résultat époustouflant. Bien qu’il ne dispose plus d’un atelier - son ordinateur lui tienne lieu de chevalet - et qu’il ne peigne plus depuis quelques années, il persiste pourtant à se dire peintre. D’ailleurs, comme pour se dédouaner, il cite Boltanski(http://www.cofrase.com/artforum/html/g02-080h.htm) « qui se dit toujours peintre alors qu’il ne fait plus de peinture au sens traditionnel depuis longtemps ». Car son regard demeure celui d’un peintre et son travail prend la texture comme support. Autodidacte, Nicolas Clauss a commencé par travailler sur la matière . « Au départ avec des pastels, se souvient-il, puis avec des collages, du crépi ou du ciment, et enfin l’intégration d’objets récupérés dans des décharges ». Comment dans ses conditions a-t-il pu passer au virtuel ? Pour lui l’évolution va de soi : « J’en suis venu à garder les objets et à abandonner la cimaise en réalisant des installations dans lesquelles les gens pouvaient se promener et influer sur la lumière. C’était déjà un début d’interactivité ». Car plus que virtuel, terme qu’il n’affectionne guère, Nicolas Clauss préfère mettre l’accent sur l’interactivité qui fait pour lui l’intérêt des nouveaux médias et l’essentiel de son œuvre.

Le langage lingo n’a plus de secret pour lui
Voilà pourquoi il a eu envie de poursuivre ses expériences artistiques sur le « virtuel ». Ignorant les technologies, il s’inscrit en ATI (Art des Technologies de l’Image). « Je n’ai rien appris dit-il, seulement que je n’aimais pas la 3D. Par contre j’ai découvert qu’il existait des logiciels ». Selon lui, le véritable déclic sera provoqué après la vision d’Alphabet de Kveta Paciovsk, un CD-Rom réalisé par Frédéric Durieu (http://www.flyingpuppet.com/fred.htm) - « Frédéric est un des plus grands spécialistes de Director » explique-il avec admiration - et Jean-Jacques Birgé (http://www.hyptique.com/ONLINE/drame/) . A ce moment là, il réalise que l’on peut véritablement faire des œuvres d’art multimédia. Il rencontre donc ce duo de choc. Le premier l’initie aux logiciels de création et il travaille régulièrement avec le second pour les musiques de ses « tableaux ». Aujourd’hui, le langage lingo qui permet de développer des animations à un haut degré d’interactivité n’a plus de secret pour lui et il est devenu un pro de la programmation. Il n’en a pas délaissé la matière pour autant. Ainsi possède-t-il un stock considérable – « j’en ai pour cent ans ! » - de papiers, tissus et autres textures qu’il scanne et retravaille avec Photoshop. A l’Espace Culture Multimédia des Mureaux où il est en résidence depuis janvier, il finit son projet sur « les mémoires d’ailleurs ». En collaboration avec un groupe de personnes issues de l’immigration, il va réaliser un CD-Rom en forme de ballade interactive à partir des souvenirs du pays d’origine. A terme, il aimerai en faire un site. Ensuite, il partira pour la Médiathèque de Beauvais où il s’acoquinera avec un jeune écrivain, « Ce sera une première » dit-il enthousiaste. De première fois en première fois, Nicolas Clauss n’en finit pas de parcourir les chemins de la création.


Michaël Delbord


articles - biographie - actualité